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Test chelou #1 : parler à un parapluie par 35 degrés à Créon

Premier opus de la rubrique Tests Chelous : le sonopluie de Créon, qui invite à une balade touristique onirique et originale. Quand les parapluies parlent…

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A l’invitation de la sympathique équipe de l’Office de Tourisme de Créon, à 20mn en caisse de Bordeaux, nous inaugurons la rubrique « tests chelous » avec une balade originale : non pas avec un guide mais avec un parapluie parlant et connecté avec son environnement. En plein été, sans pluie. On était sceptiques, mais comme on aime les défis (et aussi beaucoup l’Entre-deux-Mers), on a sauté sur le scoot’ direction Créon pour en savoir plus. Verdict sur ce « sonopluie » ? Découvrez notre avis dans l’article…

Les promenades à la campagne, c’est…

Les promenades en pleine nature sont souvent l’occasion d’une introspection sinueuse, où les méandres des petits chemins finissent par rejoindre ceux au plus profond de notre cerveau.

Le silence aide à penser sans interruption, ce qui est rare de nos jours : il y a toujours un « tweet » ou un klaxon pour perturber le fil de nos réflexions.

Les odeurs de terre mouillée et d’herbe coupée, ou encore le simple bruit du vent dans les feuilles sont autant de stimuli inconscients qui ravivent nos souvenirs. Celui d’une promenade avec mamie quand on avait 10 ans, et qu’elle nous expliquait tous les secrets de la forêt.

Celui des cabanes construites avec les cousins dans le dos des parents. Parents qui n’avaient de toute façon pas le mot de passe pour rentrer.

Celui d’un amour d’adolescence, que l’on retrouvait à l’abri des regards sur un banc de pierre, recouvert d’un tapis de mousse. Le sweat que l’on posait dessus pour ne pas que sa moitié se salisse.

Les mûres qui s’accumulaient dans le t-shirt pour rapporter à maman… qui nous engueulait car « les tâches de mûres ne partent pas au lavages ».

Oui, les promenades en forêt ou à la campagne ont ce don de nous faire renouer avec nous-mème, en nous offrant ce luxe que nous, urbains pressés et sur-connectés finissons par ne plus connaitre : le temps de prendre le temps…

Mème lorsque l’on se balade à plusieurs, il finit toujours par s’installer ces longues plages de silence où l’on devient « seuls à plusieurs« . Chacun se recentre sur ce qu’il voit, ce qu’il sent, ce qu’il respire, ce qu’il touche.

C’est la raison très poétique pour laquelle nous avons été séduits par la balade que nous vous présentons aujourd’hui : une balade « commentée » mais non pas par un guide touristique… par un parapluie, qui vous aide à vous évader au fur et à mesure de vos pas, entre envolées lyriques et souvenirs contés. Cela se passe à Créon, dans l’Entre-deux-Mers, sur l’ancien chemin de fer transformé en piste cyclable. Heu, ça parait chelou comme ça… et ça l’est ! On a forcément aimé 😉

Le Sonopluie

On ne va pas vous mentir : quand l’Office de Tourisme de Créon nous a parlé de cette prestation touristique, on a d’abord un peu « ri » : genre, un parapluie qui parle, chelou non ? Et puis nous nous sommes demandés…

Primo, quand il pleut, n’y a t’il pas mieux à faire que de se taper une visite touristique sous la pluie, quand il y a tant de plans B au sec à programmer dans le coin ?

Secondo : quand il fait beau, n’a-t’on pas l’air un peu cons avec un parapluie à la main ?

A ces deux doutes, l’office a répondu : « venez, vous comprendrez ».

(Photo : Akken.fr )

Alors nous sommes venus…

L’idée du « sonopluie » (déployé par l’agence Akken) est simple, mais il fallait y penser, et c’est totalement inédit : au lieu d’être guidés par les anecdotes et commentaires d’un guide « physique », on vous remet un parapluie (relié à des écouteurs) qui, pendant près de 2h, vous « connectera » à ce qui vous entoure. Vous allez penser que cela déshumanise la découverte, et vous aurez tort : tout l’intérêt de ce concept inédit en Gironde est d’entendre, au grès de votre avancée, le témoignage de « vrais gens », qui vous glissent à l’oreille leurs souvenirs et histoires vécues, entre rire et émotion.

C’est très surprenant.

Nous voici donc partis avec notre parapluie en plein soleil, sur la piste cyclable de Créon, qui fut jadis la voie du chemin de fer, et c’est le fil rouge de la balade. Des Créonnais qui ont connu ce temps là vous parlent de ce train qui représentait l’entrée dans la modernité, un monsieur vous racontera la course de son cheval avec le train, une dame – aujourd’hui âgée- retrouve avec vous ses souvenirs de jeune fille, à l’époque où une guinguette prenait place aux abords de la gare.

Nous, la nature et « Madame FIP »…

Entre deux anecdotes, une femme à la voix digne de FIP radio, vous invite à l’évasion : regarder les feuilles, toucher l’écorce de cet arbre qui vous fait face (oui, c’est très chelou, mais la nana sait exactement où vous êtes… ), faire un écart sur un petit chemin, observer le vignoble… on regarde autour de nous, les potes ont l’air bizarres à respirer les mûriers, et pourtant on a envie de faire comme eux. On fusionne avec la nature. C’est onirique à souhait, un beau moment authentique !

On est bien, sereins, calmes, bien que notre tranquillité soit brisée de temps en temps par des cyclistes qui passent, mais au bout de 2h on a pas vu le temps passer et on revient comme shootés à l’office de tourisme. Dans ce mème état d’apaisement qu’en sortant du spa, de la piscine, de 2h de sexe ou du Maria Randall après 3 cocktails.

Notre avis !

On a aimé :

  • L’originalité du concept : c’est effectivement chelou, mais c’est bien !
  • Étonnamment, le parapluie est très utile quand il ne pleut pas : il permet d’être à l’ombre (il faisait très chaud le jour où nous avons testé) et de s’immerger encore plus dans notre petite bulle.
  • La poésie avec laquelle « madame FIP » nous invite à laisser aller notre pensée, et à « retrouver » la nature (difficile d’être plus précis, on ne voudrait pas trahir la surprise…).
  • Les anecdotes racontées, très intéressantes, vivantes et mises en situation avec des bruits très réalistes derrière.
  • Le prix tout petit, comme la testeuse de ce premier opus 😉
  • L’équipe de l’office de tourisme qui semble s’être beaucoup investie dans ce projet, inédit (développé par Akken qui étend désormais le projet en France), et qui est passionnée par son territoire. On le précise, car l’accueil a un sens tout particulier pour nous.
  • Le secteur touristique un peu boudé des Bordelais, et qui est pourtant une bouffée de verdure à deux pas de Bordeaux : l’Entre-deux-Mers. On a fait la balade le matin, on a déjeuné dans une bonne auberge le midi, et on s’est baladés dans ce haut lieu des bastides et vieux moulins l’après-midi, c’était très champêtre !

On a moins aimé :

  • Le parapluie finit par être un peu lourd au bout d’une heure quand on a des mini-muscles.
  • C’est finalement une activité assez « égoïste », mème si l’on s’échange des regards complices lorsque le « parapluie » fait preuve d’humour ou de tendresse.
  • Le choix du lieu de promenade mériterait d’être affiné : on a envie de rentrer dans les petits fourrés au lieu de suivre la piste cyclable, ou bien d’aller encore plus loin.
  • Les vélos qui passent et que l’on risque de faire tomber (il faut marcher sur le côté et faire très attention).

Verdict global :

Si vous êtes un amoureux de la nature et que vous aimez prendre le temps de vous laisser aller, cette balade onirique vous plaira. Si vous êtes une personne d’action, vous allez peut-être trouver ça WTF, mais bon sang ça fait du bien de sortir un peu des sentiers battus, non ? Et pour le prix, ça serait bête de se priver de l’expérience ! Sur deux testeurs du Derrière, l’une a adoré, l’autre est resté un peu de marbre et a préféré la joie de découvrir que dans les petits bars de l’Entre-deux-Mers, le Monaco est à 2 euros. Mais il a été troublé, et c’est bien là l’essentiel…

Le public idéal :

Les Bordelais en quête d’une échappée verte. Genre une bouffée de campagne le samedi, comme tout hipster urbain qui se respecte 🙂 Genre nous quoi…

Infos pratiques

Où/quand/qui/à quel prix :

La balade dure un peu plus d’une heure. Comme c’est une visite libre, il faut juste que l’office de tourisme soit ouvert au moment où vous voulez réserver un parapluie, puisque c’est lui qui le commercialise (vous verrez, l’équipe est adorable). Soit :

De septembre à juin : du mardi au vendredi de 9h30 à 12h30 / de 14h à 18h, le samedi de 9h30 à 12h30
En juillet – août : du mardi au samedi de 9h30 à 12h30 / de 14h à 18h, le dimanche de 9h à 13h

Adresse de l’Office de Tourisme : 62 Boulevard Victor Hugo, 33670 Créon

Site web

A partir de 10 ans.
Durée : 1h15
Tarif : 5€/pers (prêt du matériel)

Si vous voulez réserver un parapluie à l’avance, et en savoir plus sur le territoire et le concept, vous pouvez appeler l’Office de tourisme de Créon au 05 56 23 23 00.

Y aller :

En voiture : via la D14, vous en avez pour une trentaine de minutes (26 bornes).

En bus Transgironde : c’est méga pratique et pas cher ! Il y en a plusieurs qui partent de la place Stalingrad à Bordeaux (vers le Lion bleu). C’est 4e aller/retour, super économique. Nous avons pris le 404 qui s’arrête directement devant l’office de tourisme, il met moins d’une heure à y aller. Par contre, il n’y en a pas 40 par jours donc renseignez-vous sur le site de transgironde avant.

En vélo (le must selon nous) : s’il fait beau et que vous êtes courageux, nous vous conseillons de doubler le plaisir en allant jusqu’à Créon en deux-roues via la Piste Roger Lapébie, l’une des plus belles pistes cyclable du Bordelais car elle est quasi à 100% en site propre (c’est à dire que vous ne croiserez pas de bagnoles 🙂 ). Si vous roulez bien, vous mettrez environ 1h40, max. Il faut sortir de Bordeaux, via la rive droite, et en moins de 3km vous êtes déjà sur la voie verte, tranquillou-billou.

Alors, prêts à vous glisser sous un parapluie parlant ?